Rencontre avec le Club des Croqueurs de Chocolat 2022-03-17T17:01:56+01:00

Le Club des Croqueurs, ces grands amoureux du chocolat

Créé en 1981 par quelques amis « cinglés » de chocolat, le Club des Croqueurs de Chocolat rassemble de vrais amateurs et fins connaisseurs qui, cinq fois par an, se retrouvent pour apprécier du chocolat sous toutes ses formes (tablettes, bonbons, bouchées, truffes, confiseries, etc.), pâtisseries, mousses, crèmes, glaces et sorbets ; tout produit chocolaté non industriel.

Véritable institution comme il n’en existe nulle part ailleurs, reconnue pour l’excellence de son Guide annuel (la « bible » du chocolat), le CCC célèbre cette année ses 40 ans. Un bel anniversaire auquel le Salon du Chocolat a souhaité donné un bel écho en donnant la parole à ces grands amoureux du chocolat !

I. JACQUES PESSIS

Journaliste, écrivain, scénariste, comédien, réalisateur et Président du Club des Croqueurs de Chocolat.

« Les chocolatiers ne cessent de me surprendre par leur talent. Et par leur nombre ! »

Le CCC fête ses 40 ans cette année. Il a été créé par hasard en 1981 au cours d’un dîner au « Lord gourmand » (restaurant aujourd’hui disparu) qui réunissait autour du maître des lieux Nicolas de Rabaudy, journaliste à Paris Match, Claude Lebey, critique gastronomique, Maurice Letulle, notaire, Philippe Court, alors directeur général des Champagnes Taittinger et Jean-Paul Aron, historien et chercheur au CNRS. Quand tous ont commandé le même dessert au chocolat, le « Pleyel » de Robert Linxe, l’idée leur est venue comme une blague de fonder le club des amoureux du chocolat.

Photo © Isabelle Nègre

L’intitulé de « Club des Cinglés de Chocolat » leur ayant été refusé par la préfecture, ils ont fini par déposer le « Club des Croqueurs de Chocolat ». Je les ai rejoints quelques jours plus tard. D’abord 8, nous avons vite atteint, à notre plus grande surprise, le nombre de 150 membres que nous avions inscrits dans les statuts déposés chez un notaire. Nous n’avons pas compris cet engouement magistral pour rejoindre l’association. Et de fil en aiguille ce qui pour nous était d’abord un gag autour de notre envie de manger du bon chocolat entre copains, est devenu « la » référence en matière de chocolat. En 40 ans, le Club est devenu une institution en France comme au Japon, comme un Michelin du chocolat. Et d’ailleurs comme le Michelin, le « palmarès » peut changer chaque année en fonction du travail soumis au panel.

Nous sommes ravis de pouvoir dire qu’à chaque fois qu’un chocolatier fait son entrée dans le guide, il peut constater 15 à 20% d’augmentation de son chiffre d’affaires. Nous sommes connus pour être des amateurs bénévoles qui défendent le chocolat artisanal avec ce bonheur de se réunir pour le déguster ; c’est notre seule raison d’être. C’est aussi un hasard qui a voulu que nous arrivions en même temps que l’essor du chocolat artisanal français, porté alors par Jean-Paul Hévin en premier lieu puis des Pierre Hermé, Fabrice Gillotte et Gilles Cresno. Ce sont ces artisans qui ont créé un chocolat français, devenu depuis une institution dans le monde. Et le Club est devenu, sans s’en rendre compte le défenseur de ce chocolat d’excellence.

Je me souviens très bien du premier guide que nous avons publié. Réunis dans l’appartement qui se trouvait au-dessus de la première boutique de Jean-Paul Hévin, nous avions recensé une cinquantaine de chocolatiers dans toute la France ; aujourd’hui le guide compte autour de 150 chocolatiers français et 40 étrangers. Au début, nos guides ne paraissaient que tous les 3 ou 4 ans. Pour promouvoir notre club, nous avions Sylvie Douce comme attachée de presse. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée avec François Jeantet de créer le Salon du Chocolat.

C’est quand même incroyable d’avoir vu le développement d’une idée qui, je le rappelle, relevait plus d’une blague entre copains. Et ça fonctionne toujours comme à nos débuts, avec la même envie de découvrir, déguster, promouvoir. Tous les ans, nous faisons de nouvelles découvertes d’artisans formidables. Parallèlement aux dégustations amicales, tous les deux/trois mois, le panel se réunit une à deux fois par semaine entre février et juillet, pour choisir les chocolatiers qui figureront dans le Guide. Nous ne pouvons que mettre en avant notre objectivité puisque tout est dégusté à l’aveugle. En plus du chocolat noir, nous avons ouvert la porte au chocolat au lait parce qu’il a fait beaucoup de progrès mais nous n’acceptons toujours pas le chocolat blanc. Les chocolatiers ne cessent de me surprendre par leur talent. Et par leur nombre ! Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui abandonnent leur métier pour une reconversion dans le chocolat ! C’est étonnant ce que l’amour du chocolat peut susciter comme vocations. Je suis frappé par le nombre de jeunes qui arrivent et qui inventent. Il y a 3 ans, nous avons vu un jeune chocolatier qui, n’ayant pas les moyens d’ouvrir une boutique, a loué un camion pour aller vendre ses produits sur les marchés du côté d’Avignon. Il fait un tabac ! C’est génial !

Photo © Isabelle Nègre

Chacun des membres du panel de 16 dégustateurs donne une impression et une note ; nous en faisons une synthèse pour l’attribution des « Tablettes » de bronze, d’argent ou d’or, selon la qualité de ce que nous avons dégusté. Il peut arriver que ce ne soit pas le cas évidemment. Nous recevons parfois les appels de quelques mécontents qui n’apprécient pas nos retours, mais c’est le jeu. Nous ne sommes que des amateurs avertis avec un palais apte à goûter les chocolats de qualité et à aider ceux qui le font. Nous sommes régulièrement sollicités par les artisans pour donner notre avis sur leurs créations : du fait de leur passion et de leur ancienneté, les membres du club sont considérés comme des experts et leur avis compte. Nous ne sommes pas là pour critiquer : notre devoir est d’aider les artisans, pas de les descendre. Quand notre avis est négatif, on n’en parle pas, préférant privilégier ceux qui nous ont convaincus. Quand on nous communique une bonne adresse, nous avons dans 90% des cas, une bonne surprise. Il y a tellement de talents en France qui ne demandent qu’à être reconnus.

On rejoint le club parce qu’on aime le bon chocolat et avec le temps, on apprend à mieux le connaître. Il ne s’agit pas pour nous d’en manger des tonnes, mais d’en apprécier l’excellence, de trouver du plaisir dans la qualité plutôt que la quantité. Pour vous dire, notre club est une véritable légende au Japon ; les chocolatiers japonais viennent en France pour nous soumettre leur travail. Il y a chez eux un véritable amour pour le chocolat. Le jour de la Saint-Valentin à Tokyo, devant la boutique de Jean-Paul Hévin, il y a six heures de queue. C’est une joie pour nous de savoir que nous avons pu contribuer à faire du chocolat français une véritable star au Japon ! Parce que nous aimons les artisans autant que leur chocolat. L’artisanat chocolatier est essentiel.

Inspirateurs historiques du Salon du Chocolat sur lequel nous remettons nos Awards tous les ans, sans aucune forme de partenariat, nous avons développé une collaboration par le biais de sa toute nouvelle marketplace, ce qui devrait nous donner encore plus de résonance. Avec notre Guide diffusé sur cette plateforme digitale, nous allons toucher plus de gens à l’international. On pourra l’acheter en ligne partout dans le monde, ce qui, nous l’espérons, contribuera à faire rayonner plus encore l’artisanat français.

Bien sûr que c’est beaucoup de travail pour notre petite équipe organisatrice mais c’est un plaisir de le faire, autour de cet art de vivre qui nous réunit. Et tout cela, dans un cadre amical et associatif, non professionnel. Nous nous devons de garder notre indépendance structurelle pour rester légitimes. Et conserver ce regard d’enfant quand on partage du chocolat.

II. BÉRANGÈRE LOISEAU

Responsable marketing et administratrice de la Maison Bernard Loiseau, secrétaire générale du Club des Croqueurs de Chocolat.

« C’est un bonheur pour moi de faire partie du royaume des gourmands ! »

Je viens d’une famille qui adore le chocolat. Mon père, le chef Bernard Loiseau, a beaucoup travaillé le chocolat, cherchant toujours dans ses desserts à épurer la recette, sans sucre. Il a été l’un des premiers à avoir mis à la carte un sorbet chocolat. Un pur sorbet avec du chocolat pur origine. Je me souviendrai toute ma vie de sa mousse au chocolat, qui était d’une telle densité ! Pas forcément très onctueuse mais si forte en chocolat : une recette vraiment dingue ! C’est ce goût qui a bercé mon enfance et éduqué mon palais, faisant de moi une inconditionnelle du bon chocolat, hermétique aux produits industriels que je n’ai jamais connus.

Photo © Isabelle Nègre

Quand je suis allée faire mes études à Paris, j’ai découvert la vie de la capitale et tous ses merveilleux chocolatiers. Sur mes 300€ d’argent de poche mensuels (plutôt destinés à mes billets de train et autres frais pratiques), je consacrai un bon tiers à l’achat de chocolat. Une catastrophe financière mais une dégustation que je prenais très au sérieux : armée du Guide des Croqueurs, je traversais tout Paris pour aller acheter la petite ganache, la tablette d’untel ou untel et, du haut de mes 18/19 ans, je remplissais ensuite mon carnet de dégustation avec mes ressentis. De la même manière qu’on m’a appris à déguster le vin, je décortiquais les différences de terroir d’un chocolat malgache, vénézuélien ou indonésien. C’était mon petit truc à moi, que je faisais seule dans mon coin. Je voulais comprendre toutes les différentes notes des chocolats que j’achetais. Et puis surtout, j’adorais ça ! Le goût du chocolat me remplit.

Quand un jour, je rencontre Claude Lebey, des Guides Lebey, parmi les membres fondateurs du Club des Croqueurs de Chocolat, mon sang ne faisant qu’un tour, je lui parle de mon petit carnet de dégustation. Séduit par ma passion, il m’a invitée à des dégustations du club et j’en suis devenue membre en 2009. En arrivant, j’ai été rassurée de voir que je n’étais pas seule que je n’étais pas folle (rires) ! C’était tellement enrichissant et grisant de pouvoir échanger avec des gens autour de la dégustation. Pouvoir parler des heures et des heures sur les découvertes et appréciations de chacun.

Le CCC m’a apporté un contexte qui m’a permis de comprendre le monde du chocolat. Nous avons des intervenants, ou des spécialistes membres, très calés sur la partie plantation de cacao, origine des fèves, etc. Tout le côté agriculteur du chocolat qu’on ne connaît pas forcément et qui nous permet d’appréhender toute la chaîne de fabrication, du début à la fin. Et puis les dégustations thématiques m’ont permis d’être en contact direct avec les chocolatiers qui viennent faire déguster leur création, voire leurs travaux en cours, lors des sessions amicales. Des sessions qui n’interviennent pas dans l’élaboration du Guide, dont les réunions ont lieu à part dans un contexte bien plus confidentiel.

Grâce au CCC, je suis mieux informée sur les nouvelles tendances mais aussi sur toutes les problématiques liées à ce secteur. Nous avons été par exemple très actifs sur le sujet des matières grasses végétales, menant une action de lobbying afin qu’un produit en comprenant ne s’appelle pas chocolat. C’est même remonté jusqu’à l’Union Européenne. On peut ainsi se réjouir d’être des acteurs dans l’univers du chocolat, œuvrant pour valoriser le travail des artisans à plusieurs niveaux. À notre petit niveau.

Je pense que la prochaine dégustation aura pour thématique l’écoresponsabilité pour mettre en avant les vraies démarches de plusieurs chocolatiers pour un chocolat éthique et équitable. Et nous aimons tous les chocolatiers à partir du moment où leur démarche est authentique. Nous sommes très à l’affût de ce qui se passe à l’étranger, séduit par la belle effervescence créative des artisans. Nous avons une relation privilégiée avec le Japon où beaucoup de chocolatiers ont été formés en France avant de s’installer. Les Japonais ont un amour pour le chocolat aussi démesuré que le nôtre.

Nous avons également une relation particulière avec la Suisse, la Belgique dont la culture chocolat est assez différente mais nous avons toujours beaucoup de choses à nous apporter mutuellement. Une Franco-Américaine a rejoint le club récemment, Lindsey Tramuta (journaliste pour Condé Nast Traveler, le NY Times, auteure du blog Lost In Cheeseland). Elle est dingue de chocolat et je trouve intéressant de l’avoir parmi nous, elle qui a été biberonnée au Hershey’s et autres fabrications industrielles.

Photo © Isabelle Nègre

Ce que j’ai adoré dans ce club quand j’y suis arrivée, en plus de tout ce que je vous raconté, c’est la diversité des membres qui y adhèrent : (avocats, cadres d’entreprise, retraités, journalistes, médecins… Nous avons parmi nos membres plusieurs chocolatiers mais qui ne feront évidemment jamais partie du panel des 15 dégustateurs à l’origine du Guide et des Awards. Il s’agit seulement d’aimer le chocolat et de s’y intéresser sérieusement. Alors oui, la liste d’attente est longue car le nombre de places est limité depuis toujours à 150.

Étant désormais la secrétaire générale du CCC, je suis un peu plus impliquée aujourd’hui aux côtés de Jacques. C’est un bonheur pour moi de faire partie du royaume des gourmands ! Et puis, on y fait avancer les choses. Tout y extrêmement bienveillant et indépendant : on ne roule pour personne si ce n’est pour les artisans du bon chocolat. Cette indépendance fait partie de l’ADN du club. Il n’y aucune autre association comme la nôtre.

III. ÉRIC BITOUN
Réalisateur, scénariste, producteur, fondateur de la société de production Skopia Films et de la société BICEBAN (Chocolat Idéal, confitures Bannier, Les Pastilles du Dr Guyot).

« Le Club des Croqueurs a totalement bouleversé mon rapport au chocolat »

J’ai rejoint le club il y a 5 ans, ce qui fait de moi un jeune membre, certains ayant une antériorité qui peut remonter à la création du CCC. J’y suis arrivé par un biais un peu particulier : dans le cadre de mon travail de documentariste, j’ai fait des films sur les grandes sagas du chocolat, les chocolats Menier, Poulain et autres Banania, ce qui m’amené à interviewé des membres du Club, dont son président Jacques Pessis. J’ai ensuite postulé, tout simplement.

Photo © Isabelle Nègre

J’aime le chocolat, comme tout le monde ; vous connaissez l’adage, « 9 personnes sur 10 aiment le chocolat et la 10ème ment ». Comme beaucoup, j’ai été initié au chocolat dès mon enfance ; dès 5/6 ans, on est capable de différencier un chocolat noir d’un chocolat au lait. Et plus tard, il faut avoir la curiosité de s’y intéresser, de comparer les saveurs, les modes de fabrication. Ça a été mon cas. Je pensais donc le connaître suffisamment. Je me suis rendu compte que je n’y connaissais rien.

Ce qui est intéressant au Club, c’est qu’en plus des dégustations, il y a des rencontres, grâce auxquelles on apprend beaucoup. On se rend compte que l’on est dans un monde extraordinaire, riche, passionné et passionnant. Chacun est curieux des découvertes de l’autre ; on recommande une adresse, on partage un engouement. Si on n’a besoin de personne pour manger du chocolat, c’est très stimulant de pouvoir le déguster en réunion. Je suis assez admiratif du niveau d’expertise de certains capables à l’aveugle d’identifier l’origine du cacao ; une expertise que je pense ne jamais pouvoir égaler. Ça tient pour moi du phénomène !

Il y a une telle richesse qui naît de ces rencontres, de ce partage qui ouvre à tellement de choses ! En faisant mes documentaires télévisuels, je m’étais déjà intéressé aux artisans. À chaque fois, j’essayais d’associer des chocolatiers en parallèle des marques, trouvant intéressant d’avoir leur discours d’artisans face au positionnement industriel. En fait, c’était surtout eux que j’avais envie d’entendre. D’ailleurs, vous savez qu’on ne déguste jamais de chocolat industriel au Club des Croqueurs, et que seuls les artisans sont invités à présenter leurs créations.

J’ai également appris beaucoup de choses grâce au panel qui se réunit pour composer le Guide du Club. Les dégustations à l’aveugle m’ont appris une autre façon de déguster, de prendre le temps pour identifier les saveurs. Avant je mangeais du chocolat ; avec le Club j’ai appris à le déguster.

Le CCC a totalement bouleversé mon rapport au chocolat ! Je me suis intéressé à son histoire, découvrant ses origines et son patrimoine. En 2019, j’ai d’ailleurs ressuscité la marque Chocolat Idéal, créée au XIXème siècle et qui était en sommeil depuis le premier tiers du XXème. Cette belle endormie s’est réveillée grâce au talent de « l’Incontournable » Gilles Cresno*, que j’avais connu quelques années auparavant, en réalisant mon documentaire « La belle histoire de Chocolat Poulain » et à qui j’ai proposé de partir dans l’aventure avec moi. J’ai conservé les magnifiques illustrations d’Alfons Mucha pour proposer deux tablettes, bientôt trois, avec une excellence probablement bien supérieure aux produits de l’époque. Cela n’aurait pas eu de sens pour moi de relancer la marque sans viser une qualité supérieure, le haut de gamme. Une magnifique aventure rendue aussi possible par mon expérience au sein du CCC. Jamais avant d’en devenir membre, je n’aurais pensé me lancer dans pareille entreprise, avec un tel niveau de qualité. C’est tellement épanouissant de faire partie du Club des Croqueurs ! Tellement inspirant !

* Parmi les 12 meilleurs chocolatiers de France depuis maintenant 4 ans, Gilles Cresno a reçu le prix d’Incontournable du Chocolat Français par le Club des croqueurs au Salon du chocolat.

IV. MARGAUX DE FROUVILLE

Responsable du service santé de BFMTV

« Le partage d’une passion avec cette chance de pouvoir côtoyer les meilleurs »

Après un reportage au Salon du Chocolat où j’avais vu leur stand, j’ai postulé en 2013 au Club des Croqueurs de Chocolat. Comme une bonne élève, j’ai d’abord envoyé un mail avant de passer des entretiens pour présenter ma candidature. Je ne pense pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises réponses, même s’il est évident qu’il n’était pas question de vanter les saveurs des barres chocolatées industrielles. Il s’agissait plus de manière informelle d’identifier mon rapport au chocolat et ma disponibilité pour échanger autour de sa dégustation.

Photo © Isabelle Nègre

Une fois inscrite, je me suis demandé si j’allais être à la hauteur. J’ai été rassurée de voir qu’on n’attend pas de nous de reconnaître à l’aveugle un cacao vénézuélien (même si certains en sont capables). On intègre plutôt une famille de grands gourmands et de grands bavards à ce sujet, partageant un ressenti, une émotion. Le CCC, c’est le partage d’une passion avec cette chance de pouvoir côtoyer les meilleurs.

J’y ai découvert un monde très exigeant avec un champ des possibles bien plus ouvert que je ne l’imaginais. J’ai été amenée vers des choses vers lesquelles je ne me serais pas tournée naturellement, faisant totalement évoluer mon palais au gré des dégustations. Pour vous donner un exemple, j’avais auparavant une faible appétence pour le mariage chocolat/fruit, à cette exception près du mélange fruits de la passion/chocolat au lait du Mogador de Pierre Hermé. Au fur et à mesure des dégustations au Royal Monceau, j’y ai vraiment pris goût. Avec le CCC, on découvre des choses d’une telle originalité, d’une telle finesse qu’on sort du cercle classique de la tablette de noir à 70%. Quand on nous présente les bonbons coupés en petits triangles, on peut apprécier tout le travail de l’artisan autour des ingrédients et des textures. Des textures qu’on apprend à maîtriser également par leur caractère technique. Tout est très bien organisé pour nos accompagner dans la dégustation, les pièces arrivant dans un ordre précis. C’est fabuleux de pouvoir en plus avoir l’explication de l’artisan chocolatier sur ses créations pour mieux appréhender la minutie d’un travail réalisé avec passion.

Je garde un souvenir ému d’un praliné aux pignons de pin d’un chocolatier bordelais : c’était sensationnel ! Comme ce croustillant au genmaicha d’un artisan japonais qui était exceptionnel ! J’adore cet enivrement de la découverte inattendue. Je prends toujours les menus des séances en photo et leur seule lecture suffit à me rappeler des saveurs qui me mettent l’eau à la bouche.

J’aime particulièrement cette possibilité d’apprécier en avant-première la dernière bûche chocolatée de la maison Lenôtre tout en découvrant parallèlement les premiers pas d’un jeune couple qui vient de prendre une nouvelle direction pour se lancer dans sa passion. Nous sommes privés de ce bonheur depuis plus d’un an, ma dernière séance s’étant tenue le 25 novembre 2019. Il n’est malheureusement pas possible de l’organiser par Zoom ou par Skype.

En vous en parlant, je réalise à quel point ça me manque ; cette ambiance très sympa autour de gens très différents, parmi lesquels je me suis fait des amis, jeunes, moins jeunes. Tous gourmands ! On se rattrape à titre personnel avec mon mari, également fondu de chocolat. Il rapporte des choses à la maison toutes les semaines. Forte de l’éducation que m’a prodiguée le CCC, j’ouvre plus la porte à la découverte, sans pour autant tourner le dos à ces grandes signatures qui ont fait naître ma passion. Je ne déguste plus de la même façon les créations de Pascal Caffet ou autre maître chocolatier : je les tiens même différemment pour en apprécier l’intérieur après la première bouchée. En fait, je ne mange plus le chocolat : je le déguste toujours.

V. ANNE ET CAROLINE DEBBASCH

Les « sœurs chocolat » auteures, journalistes, fondatrices du blog « Le chocolat dans tous nos états »

« Le Club réunit un groupe de personnes sans autre étiquette que leur passion pour le chocolat. »

Photo © Isabelle Nègre

Fin 2018, nous avons été invitées à rejoindre le Club des Croqueurs de Chocolat par Jacques Pessis et Bérangère Loiseau. C’était pour nous très flatteur de rejoindre un club unique qui depuis 40 ans, compte dans l’univers du chocolat ; comme une reconnaissance de notre passion et notre amour du chocolat. Nous n’avons malheureusement pu assister qu’à quelques sessions en 2019 puisqu’après tout s’est arrêté en raison du contexte sanitaire. Nous avons beaucoup aimé ces dégustations amicales au Royal Monceau, où l’on a pu découvrir de manière conviviale et experte, des chocolats plus ou moins connus. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ces sessions : on peut retrouver un artisan très réputé comme découvrir un jeune chocolatier. Une fois introduit par Jacques Pessis, l’artisan nous parle de son travail et nous présente ses créations. Nous les dégustons ensuite réunis sur des tables de 10 personnes, avec lesquelles nous échangeons. C’est très bon enfant tout en étant très sérieux : cela nécessite de la concentration, de l’application. À côté de ça, il y a un panel de 15 amateurs experts qui se réunit plus régulièrement pour des dégustations extrêmement « professionnelles » afin d’élaborer le Guide du CCC et attribuer les Awards.

Ce qui nous a toujours plus dans le CCC, c’est son indépendance ; jamais repris ou acheté, il réunit un groupe de personnes sans autre étiquette que leur passion. Nous aimons beaucoup l’ouverture d’esprit de Jacques et Bérangère qui sont à l’affut des recommandations et découvertes des membres du CCC. C’est agréable de voir ce club unique en son genre, évoluer avec son temps, être à l’écoute de son époque. On y trouve un sérieux et une rigueur exceptionnels, avec cette volonté d’aller découvrir des artisans qui travaillent le chocolat dans le respect des valeurs du club. C’est tout à son honneur de rester un club très fermé aux 150 membres.

Le Club a parfois une image un peu vieillotte auprès du grand public et de la presse alors que Jacques et Bérangère ont pour moteur la recherche de nouveautés et l’audace. La collaboration avec la marketplace du Salon du Chocolat confirme que le CCC sait évoluer avec son temps, mettant en lumière ce caractère novateur dans la recherche et l’appréciation de pépites parmi les nouveaux artisans. Un chocolat récompensé d’un Award par le CCC a une vraie garantie de qualité et de goût.

Considérant que nous dégustons du chocolat depuis que nous sommes enfants, nous avons toujours été à l’affût de découvertes. Pour vous donner un ordre d’idée, nous mangeons par mois l’équivalent de la quantité de chocolat que mangent les Français en moyenne sur un an, c’est-à-dire 7kg ! Toutes formes confondues, avec toutefois une majorité de bonbons, tablettes et pâtes à tartiner. Nous commençons au petit-déjeuner avec une barre de chocolat noir tonique, puis nous en mangeons « en apéro » avant le déjeuner, pour le dessert, pour le goûter avec la gourmandise du chocolat au lait, etc. Il nous arrive même de faire des dîners 100% chocolat. Ce n’est pas si énorme que ça quand on calcule : c’est globalement 250g de chocolat par jour, soit deux tablettes et-demie. Nous ne mangeons que du très bon chocolat, même s’il nous arrive de remettre nos papilles à zéro en goûtant des chocolats moins qualitatifs, disons moins artisanaux. Même entre nous, il s’agit toujours de découvrir les nouveaux chocolats à l’aveugle.

Photo © Isabelle Nègre

Pour développer notre palais et du coup travailler la sensorialité, nous sommes allées nous former auprès de chocolatiers de manière très amicale et même chez Valrhona auprès des professionnels. Pour être capables de décrire les sensations et les arômes, pour notre plaisir et notre hobby. C’est pourquoi c’est une merveille pour nous de pouvoir discuter avec des gens aussi engagés et aussi passionnés que Jacques et Bérangère.

Goûtez aux créations de ces artisans sélectionnés par le Club des Croqueurs de Chocolat

Carré Or Les Grands Crus

Jean-Paul Hévin

J’en veux !

Tablette Vietnam 74% Grand Cru Noir

Bello & Angeli

J’en veux !

Duo Millefeuille et Bonbons de chocolat

Pierre Chauvet

J’en veux !

Réglette de 24 tuiles aux chocolats

Lenôtre

J’en veux !

Je craque pour la sélection du Club des Croqueurs !